Informer pour agir : HugoDécrypte fait entrer l’actu dans une nouvelle ère

Hugo Travers décrypte l'actualité

Le nouveau visage de l’information, c’est lui, Hugo Travers. Tous les jours, il propose à sa communauté (15-25 ans) un décryptage de l’information. En moins de 10 minutes sur Youtube. Et sous forme de courts textes illustrés sur Instagram. Pendant le confinement du printemps 2020, le nombre de ses abonnés a doublé. Jonglant alertement entre les réseaux, enchaînant les posts, vidéos et montages à un rythme quotidien effréné, Hugo Travers, 23 ans, passé par Sciences Po Paris, emprunte un chemin journalistique novateur. Et les chiffres donnent le tournis. Sa chaîne Youtube dépasse le million d’abonnés, sa page Instagram s’en approche. Issu de la génération Z des “digital natives”, première génération baignée dans l’ère numérique, horizontale et écologique, Hugo Travers propose, enjoué, une nouvelle version de l’art d’informer.

Comment vous informez-vous ?

Par une combinaison de plusieurs médias. L’actu internationale m’intéresse vivement ! Je suis un fervent lecteur du Courrier International, média dit classique. Quant aux réseaux sociaux, ils sont des sources d'informations incroyables, bien que décriés puisque beaucoup de fausses informations y circulent - et il est vrai que ce sont des plateformes très polarisantes -. Je prends beaucoup de plaisir sur Twitter, il suffit d’effectuer une curation et de suivre les bonnes personnes !

Vous êtes une personnalité très influente, suivie. Comment en êtes-vous arrivé là ?

On voit souvent les personnes à travers le prisme de leur succès. On se demande ce qui les a rendu connues, sans forcément imaginer ce par quoi elles sont passées. Pour ma part, j’ai lancé à 15 ans Radio Londres, un média participatif où des jeunes pouvaient publier leurs écrits. Cette expérience, très formatrice, a confirmé mon intérêt pour le journalisme et m’a permis de comprendre ce qui ne fonctionnait pas. Quelques années plus tard, je lançai ma chaîne Youtube, ce nouveau projet était parvenu à maturité !

Quel a été l’élément déclencheur pour lancer votre chaîne ?

J’ai constaté que le format traditionnel de site internet (j’avais un blog à l’époque), ne convenait pas à ceux que je voulais informer : les jeunes. Depuis que ma chaine existe (5 ans), je n’ai de cesse d’essayer d’améliorer mon contenu. C’est un projet qui peut donner le vertige. Au début, on a tendance à regarder ce que font les autres et se dire qu’il sera peu aisé de parvenir à leur hauteur. Quand j’ai débuté, je n’avais pas d’ordinateur pour monter mes vidéos, je faisais appel à un ami !

Qu’est-ce qui peut aider à se lancer ?

Une part de naïveté et d’innocence. Pour ma part, il ne fallait surtout pas que je me dise "tu ferais mieux de faire des études de journalisme avant de lancer une chaîne d'information, chaque chose en son temps". Je n’ai pas attendu d’obtenir mon diplôme, je ne me suis pas posé la question de savoir comment ma chaîne allait être reçue. Je l’ai fait parce que j’ai senti que ça pourrait être utile ou bénéfique. Cette dynamique permet de faire des erreurs, d’avancer et d’éviter de tomber dans quelque chose de traditionnel. Si je n’avais pas eu cette naïveté, j’aurais pris un chemin balisé, en respectant les étapes. Reproduire un parcours existant eût été un frein pour moi.

Hugo Décrypte

Quelle est la qualité primordiale d’un journaliste ?

L'honnêteté intellectuelle. J’ai longtemps fait l’erreur de dire qu’un journaliste devrait être objectif ou neutre. Je vise aujourd'hui à proposer un contenu factuel au quotidien et je resterai là-dessus. La neutralité n’est pas forcément un objectif, il peut y avoir des partis pris à faire, des choix éditoriaux. Le journaliste n’est pas un robot, il a nécessairement une vision. Je pense aux journalistes politisés qui, avec une certaine honnêteté intellectuelle, proposent un échange constructif. Jean Jaurès fut aussi journaliste, il a d’ailleurs fondé L’Humanité. La clef, c’est l’absence de mauvaise foi.

Il faut faire très attention aux fausses informations véhiculées et ne jamais céder aux discours qui font peur.

Que représente 2020 pour vous (hors Covid-19) ?

D’un point de vue global, c’est évidemment une année de remise en questions, beaucoup de choses se sont cristallisées. Au niveau professionnel, ce fut une année très riche, avec un rythme effréné d’une vidéo par jour.

La presse se fait souvent l’écho de l’arbre qui tombe et non de la forêt qui croît. Vous avez instauré “la note positive”, petite pastille à la fin de vos vidéos. Comment sensibilisez-vous votre communauté aux enjeux écologiques ?

Je souhaite pouvoir inspirer en partageant des initiatives prises en faveur de l'environnement. Nous pouvons tous contribuer à changer les choses, à notre échelle. Je publie aussi sur Instagram les “5 bonnes nouvelles de la semaine”. C’est une dynamique, une ligne éditoriale, que j’essaie de pousser. Le positif est un vecteur d’audience, c’est notre format le plus populaire et c’est une très bonne nouvelle !

Que pensez-vous de la place de l'écologie en politique ?

Tous les partis se saisissent dorénavant du sujet, intègrent ces questions avec leur vision de la société et structurent leur programme aussi en fonction de ce paramètre. L’écologie est évidemment vouée à prendre de plus en plus de place. Les marches pour le climat le montrent très bien.

A quoi pourrait ressembler le monde médiatique de demain ?

Une tendance intéressante de fond se dessine et nous vient des Etats-Unis : c’est l’individualisation des journalistes, un peu comme avec Twitter, à ceci près que cela devient monnayable. On remarque des journalistes quitter leur média et lancer le leur. Je pense au format newsletter. En devenant experts sur des sujets choisis (plutôt que de rejoindre des médias où les sujets leur sont imposés) et en exerçant l’art d’informer avec une liberté éditoriale, ceux-ci sont soutenus par des lecteurs qui apprécient leur capacité d’analyse et acceptent de payer pour les lire. On paye pour lire une personne et non plus un média. Ce modèle rentable commence à très bien fonctionner aux Etats-Unis.

Qui rêveriez-vous d’interviewer ?

Une personnalité issue de l’univers de la tech, qui influence la société de façon massive et concrète. Je dirais Elon Musk !

Alexandra Corsi Chopin