L’individu face à ses responsabilités climatiques

« Un pessimiste voit la difficulté dans chaque opportunité, 

un optimiste voit l’opportunité dans chaque difficulté ».

 
Winston Churchill

Entre possible et impossible, deux lettres et un état d’esprit”, affirmait Charles de Gaulle. Depuis peu, notamment depuis les mobilisations pour le climat et davantage encore depuis la crise sanitaire mondiale et inédite de ce début d’année, nous sommes, plus que jamais, confrontés à notre responsabilité climatique. Si le défi est titanesque dans un contexte plus que jamais singulier, nous avons tous notre carte à jouer. Encore faut-il l’accepter et en avoir envie. D’après Idriss Aberkane, chercheur (Polytechnique) et conférencier (Centrale-Supélec) “Toute révolution passe par trois phases : avant d’être considérée comme évidente, elle est considérée comme étant ridicule, puis dangereuse”. Dans quelle étape de cette révolution sommes-nous ?

"La nature a bien plus de 4 milliards d'années de R&D derrière elle".

L’humanité a récemment découvert des images satellites édifiantes publiées par la Nasa et l’Agence spatiale européenne. Elles ont montré une baisse importante des niveaux de dioxyde d’azote, gaz irritant très polluant, émis par les usines, véhicules et centrales électriques fonctionnant aux combustibles fossiles (charbon, pétrole). Selon le Centre for Research on Energy and Clean Air (basé en Finlande), l’épidémie de Covid-19 aurait fait chuter de 25 % les émissions chinoises de CO2 en février 2020 (correspondant habituellement à la reprise de l’activité économique dans le pays, après les congés du Nouvel An, soit 200 millions de tonnes de gaz à effet de serre). L’année dernière, la Chine avait émis 800 millions de tonnes de CO2 sur cette même période. Paris observait autour du quarantième jour de confinement une baisse de 30% de la pollution. 

Résultante d’un choix de société que nous avons fait, cette pandémie est un révélateur de défaillance. Mais cette prise de conscience de nos faiblesses est aussi une force, une chance. C’est en se reconnaissant dépendants les uns des autres, responsables et humbles que nous élargirons notre horizon. Idriss Aberkane rappelle « La nature a bien plus de 4 milliards d’années de R&D derrière elle (…). Elle est intrinsèquement nanotechnologique. Elle est également giga technologique si l’on considère que les étoiles sont vivantes – donc cognitives, ce qu’elles sont, plus que probablement, à une échelle qui nous échappe ». Au fil des siècles, l’humanité a été mûe par l’envie de prouver sa force, son importance. Dorénavant, proposer un autre modèle de société doit être compatible avec la nature “Il ne faut pas créer les vagues, il faut être surfeur”, explique Gunter Pauli, écrivain, conférencier, spécialiste et promoteur de l’économie bleue (l’un des prochains sujets de BaseX). 

Pour le navigateur français Romain Pilliard (Tour de France à la voile, Solitaire du Figaro en 2000 et 2001, arrivé 4e en catégorie Ultime à la Route du Rhum 2018), fervent défenseur de l’économie circulaire, il en va aujourd’hui de la responsabilité de chacun « C’est un sujet immense. En fait, c’est une demande individuelle qui doit être créée. Il devrait y avoir des transformations dès la demande ».


Agir pour impacter : des initiatives qui marquent

Les pistes de réflexion et les initiatives pour tendre vers un monde décarboné sont innombrables. C’est Open Food France, qui permet d’acheter des produits en circuits courts et qui assure des livraisons à domicile. C’est Le Petit Carré Français, qui conçoit et commercialise des lingettes démaquillantes lavables, exclusivement produites en France. C’est Hopaal qui propose une gamme recyclée (tee-shirts, maillots de bain, etc) à partir de fibres textiles et de déchets marins. C’est le rapport spécial du Haut Conseil pour le Climat paru ce 21 avril (organisme indépendant créé en 2019 et composé d’experts du climat et de la transition énergétique), qui propose des investissements massifs dans la rénovation thermique des logements et le ferroviaire, pour privilégier un transport plus doux. Ce sont Grenoble, Lille, et bien d’autres, qui proposent plus de produits locaux, bio et végétariens dans les cantines de leurs écoles. C’est l’association The SeaCleaners qui créé le Manta, navire hauturier révolutionnaire capable de collecter et de traiter en flux continu de grandes quantités de macro-déchets plastiques flottant à la surface des océans. C’est encore l’entreprise américaine Sharklet, qui, dans une démarche biomimétique innovante, a créé une surface antibactérienne réalisée sous forme d’autocollants appliqués sur les portes et poignées des hôpitaux et cliniques, s’inspirant ainsi de la peau de requin (insensible aux attaques organiques). C’est aussi la Fondation GoodPlanet (créée à Paris dans le prolongement du travail artistique d’engagement pour l’environnement du photo reporter Yann Arthus-Bertrand), qui fait de l’éducation un leitmotiv en proposant de nombreux ateliers de sensibilisation auprès du grand public et des scolaires…

Agir passe aussi par l’humilité : s’informer et éduquer différemment, prendre conscience du monde qui nous entoure et comprendre que nous formons un tout. Elle est peut-être là, la clef.

Afin d’illustrer son propos, BaseX choisit de débuter son cycle d’interviews, dès la semaine prochaine, avec Alain Renaudin, Fondateur de Biomim’expo, Président de NewCorp Conseil, dont les travaux novateurs sont guidés par la discipline biomimétique. Il nous expliquera combien l’homme doit à la nature et nous partagera sa vision des responsabilités qui incombent à chacun d’entre nous.


Alexandra Corsi Chopin