Un monde d’espoir

« Ils ne savaient pas que c’était impossible, alors ils l’ont fait. »

 

Mark Twain

La richesse de la France est considérable. Elle détient le deuxième plus grand territoire maritime mondial, près de 11 millions de km2 et possède l’une des plus grandes Zones Économiques Exclusives. En tant que propriétaire d’une ZEE, elle possède des droits souverains exclusifs sur un espace délimité qui permettent de conserver et gérer toutes ressources naturelles dans sa ZEE et d’explorer et exploiter les fonds marins ainsi que le sous-sol de ladite zone.

Aussi, les innombrables initiatives porteuses d’espoir qui fleurissent sont autant de trésors d’innovation et de technologie, animées par le souhait profond du bien commun « L’écologie s’est symboliquement démarginalisée. Elle est devenue un sujet autorisé de conversation politique », explique Aurélien Barrau.

Environnement

Le monde d’espoir de demain, c’est Plastic Odyssey, navire qui réduit les déchets de l’Océan en carburant… aux déchets plastiques. A partir de 2021, il partira en expédition en tour du monde de 3 ans. À chaque escale, les déchets plastiques seront ramassés, triés, transformés en objets ou matériaux utiles. Le reste, non recyclable, sera converti en carburant pour faire avancer le navire.

Le monde d’espoir de demain, c’est Energy Observer, premier navire hydrogène visant l’autonomie énergétique, naviguant sans émission de gaz à effet de serre ni de particules fines. Équipé de 200m2 de panneaux solaires, il puise son énergie dans la nature. Parrainé par Nicolas Hulot, cet ancien bateau de course a été reconditionné en vaisseau du futur à propulsion électrique. Aujourd’hui, Jérémie Lagarrigue, ingénieur, est aux commandes d'EODev, filiale d'Energy Observer, créée pour industrialiser et commercialiser les solutions issues des retours d'expérience d'Energy Observer. Hervé Gastinel, ex-CEO du Groupe français Beneteau et aujourd’hui investisseur privé, explique : « Les Etats commencent à s’engager vers une transition pour une économie bleue décarbonée, notamment par le biais de l’hydrogène. L'hydrogène paraît plus prometteur pour le nautisme que l’électrique. La pile à combustible présente énormément de mérites et permet de traiter les problèmes liés aux batteries électriques. L’hydrogène peut être produit à bord des grosses unités ou stocké avec des réservoirs adéquats. L’enjeu, c’est l’équipement des ports, qu’il faudra doter de capacités de stockage et d’alimentation suffisantes. Un soutien des pouvoirs publics sera nécessaire. D’importants investissements nationaux et européens ont lieu actuellement. On parlera assez vite à mon sens de taux d'équipement plutôt que de problématiques techniques. »

Le monde d’espoir de demain, c’est The SeaCleaners et son navire, le Manta, qui entend collecter les macro-déchets plastiques dans les zones de fortes densités avant qu’ils ne se désagrègent et se dispersent.

Le monde d’espoir de demain, c’est Sea Shepherd, ONG internationale de protection de l’Océan la plus combative au monde, créée par Paul Watson, qui intervient de manière active et non violente dans les cas d'atteintes illégales à la vie marine et aux écosystèmes marins. Les Etats Membres des Nations Unies ont d’ailleurs établi en 2015 des Objectifs de développement durable, au nombre de 17. L’objectif 14 dit « Conserver et exploiter de manière durable les océans, les mers et les ressources marines aux fins du développement durable ». Rien que pour la pêche, la demande mondiale de poissons continue de progresser. Un Européen mange en moyenne 20 kg de poisson par an, deux fois plus qu’il y a 50 ans. 4 poissons sur 10 capturés dans le monde le seraient de manière accidentelle, selon le WWF, soit des dizaines de milliards d’animaux morts chaque année, pour rien. L’OOD 14 stipule notamment pour 2020 « interdire les subventions à la pêche qui contribuent à la surcapacité et à la surpêche, supprimer celles qui favorisent la pêche illicite, non déclarée et non réglementée et s’abstenir d’en accorder de nouvelles, sachant que l’octroi d’un traitement spécial et différencié efficace et approprié aux pays en développement et aux pays les moins avancés doit faire partie intégrante des négociations sur les subventions à la pêche menées dans le cadre de l’Organisation mondiale du commerce ».

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Le monde d’espoir de demain, c’est aussi Proteus, colossal projet mené par Fabien Cousteau. Aux allures de station spatiale, Proteus sera le futur centre de recherche de l’Océan. Océanaute, chercheur à la tête de la Fondation Fabien Cousteau Ocean Learning Center, le petit-fils du commandant Cousteau se lance dans une mission planétaire : construire la plus grande base de recherche sous-marine au monde, dans les Caraïbes.

Le monde d’espoir de demain, c’est la Maud Fontenoy Foundation, reconnue d’utilité publique, qui mène des actions d’éducation à l’environnement auprès de la jeune génération et du grand public, en France et à l’international.

Le monde d’espoir de demain, c’est Andromède Océanologie, co-créée par Laurent Ballesta, plongeur, artiste, naturaliste et photographe. Il dirige depuis 10 ans les Expéditions Gombessa qui reposent sur trois valeurs emblématiques : un mystère scientifique, un défi de plongée et la promesse d’images artistiques inédites.

Le monde d’espoir de demain, c’est le Laboratoire d’applications bioacoustiques de l’Université Polytechnique de Catalogue, fondé et dirigé par le bioacousticien Michel André, qui écoute les fonds marins. « Les océans vont mourir à cause du bruit. Toute la chaîne alimentaire est affectée dans toutes les mers du monde », explique-t-il. « L’équilibre des océans dépend des sons. Le son est la seule façon pour organismes marins de communiquer et d’échanger des informations, puisque la lumière ne pénètre pas. Le son est la vie. Polluer ces canaux de communication revient à condamner les animaux à des déséquilibres irrémissibles. Plus de 100 000 porte-conteneurs sillonnent les mers tous les jours, sans parler des bateaux de pêche, de plaisance, etc. C’est un brouhaha constant, cacophonique ». Il est devenu indispensable de réduire drastiquement les émissions sonores que nous produisons, pour le bien de tous les vivants.

Le monde d’espoir de demain, c’est également une tendance de fond, très forte, portée par l’industrie nautique qui a de grands défis à relever. La loi PACTE de 2019 a d’ailleurs créé le label de « sociétés à mission ». « Il faut encourager les entreprises à faire preuve de responsabilité en ce domaine. C’est tout l’enjeu de la RSE » explique Hervé Gastinel. Extrêmement attentif aux avancées du secteur nautique, il affirme : « La gestion des bateaux en fin de vie doit s’anticiper dès l’origine, c’est-à-dire au moment de la conception pour intégrer les problématiques de recyclage. La fin de vie des bateaux (aux processus de fabrication très émissifs) et leur retraitement est un sujet sur lequel la profession peut et doit avancer rapidement. Nous avons été pionniers en ce domaine chez Beneteau avec la FIN (Fédération des Industries Nautiques) et avons créé l’APER (Association pour la Plaisance Eco-Responsable, ndlr), filière française de déconstruction des bateaux de plaisance qui trie les déchets et les gère sur leur fin de vie. On observe trop souvent des bateaux ventouses, laissés en décharge dans des ports et qui polluent notre environnement. Quelques milliers de bateaux ont été déconstruits par ce biais. La Commission Européenne s’y intéresse de près. Tout cela est en train d’évoluer ». La remise en question du secteur nautique doit être presque totale, en terme d’analyse de cycle de vie (conception, processus de fabrication, d’usage, gestion de la fin de vie des bateaux, etc). C’est un grand chantier qui démarre pour le monde de la plaisance.

Le monde d'espoir de demain, c'est celui de FinX.

L’humanité prend conscience que la surface de la Lune (y compris sa face cachée) et de Mars ont mieux été cartographiées que les fonds marins. Selon l’Organisation hydrographique internationale (OHI), moins de 10% du relief des fonds marins ont été étudiés au-delà de 200 m de profondeur. En effet, à 150 m de profondeur, la lumière est absorbée à 99% et, en-dessous de 1000 m, il fait nuit noire. La température moyenne dépasse à peine 0°C et la pression est plus de 100 fois supérieure à celle de la surface. Les fonds marins sont donc plus difficiles d’accès que l’espace.

Alors que l’Océan subit une pollution anthropique majeure depuis des décennies, peu considérée d’ailleurs parce que moins visible, les projets bourgeonnent, se multiplient et le concept d’économie bleue se démocratise. L’humanité commence à concevoir que sans un Océan sain, elle n’est plus.



La team FinX

Pour plus d'informations sur Plastic Odyssey, Energy Observer, The SeaCleaners, Sea Shepherd, Proteus, Maud Fontenoy Foundation, Andromède Océanologie et le LAB de l’Université Polytechnique de Catalogue de Michel André, voir nos interviews BaseX (interviews déjà publiées ou à venir).